Le contexte climatique avant et après le débourrement joue un rôle fondamental sur un millésime donné. Le profil d’accumulation de température depuis le débourrement (le “temps thermique”) et la quantité d’eau disponible dans le sol sont les paramètres qui déterminent les conditions initiales pouvant avoir un impact important jusqu’à la vendange.
Avant le débourrement :
Le niveau de disponibilite en eau dans le sol va affecter l’activité racinaire. D’un point de vue strictement hydrique, l’évaporation directe de l’eau du sol après une pluie ou la transpiration du couvert enherbé contribuent à diminuer la quantité d’eau initialement disponible pour les racines.
Pendant et après le débourrement :
L’effet de la température: la littérature scientifique a récemment montré que, dans des conditions où l’alimentation hydrique du sol est non limitante, la taille maximale d’élongation des rameaux atteinte 200 degrés jours après le débourrement augmente avec l’accumulation de température entre les stades physiologiques du débourrement et de la floraison.
L’effet de l’humidité du sol: la quantité d’eau disponible dans le sol a un effet très important sur la vitesse d’élongation des rameaux. Plusieurs auteurs ont décrit l’effet de la sécheresse sur le développement de la surface foliaire (entrecœurs et rameaux primaires). Le suivi précoce de la surface foliaire est donc un indice important de l’effet du millésime sur un vignoble (surtout dans le contexte actuel d’un hiver et d’un printemps secs en Californie). Ceci est d’autant plus important que la surface foliaire joue un rôle prépondérant tout au long de la saison. La quantité de feuilles que la vigne développe et expose au soleil, déterminera le moment et la sévérité du déficit hydrique ressenti plus tard dans le saison. Pour une quantité d’eau disponible équivalente, une surface foliaire exposée plus importante entraîne un déficit hydrique plus précoce.
La situation du millésime 2013 en Californie
Pour l’instant, la difficulté est de déterminer si les pluies importantes de novembre et décembre compenseront l’absence de pluies significatives depuis janvier. En théorie, ces pluies précoces ont permis de remplir complètement les réservoirs racinaires.
En pratique, l’évaporation du sol et la transpiration dûe à l’enherbement depuis le mois de janvier ont contribué à assécher les réservoirs racinaires. De telles pertes en eau peuvent entraîner un déficit hydrique précoce surtout dans le cas où les réserves hydriques sont faibles lorsque l’enracinement est peu profond. Durant cette phase cruciale du développement foliaire, le suivi précis de l’élongation des rameaux est une méthode particulièrement efficace pour s’assurer que le rythme de croissance foliaire n’est pas limité. Cette information permet de détecter de facon simple et fiable les symptômes de restriction hydrique sur la croissance.
Il est probable que les vignobles avec un enracinement profond ne seront pas affectés par ces déficits précoces. Cependant les vignobles plantés dans des situations où l’enracinement est restreint montreront des symptômes de restriction de la croissance qui seront durables. Ces conditions initiales auront donc une empreinte directe sur l’effet du millesime. La variabilité spatiale au sein du vignoble va etre renforcée par rapport aux millesimes précédents mieux pourvus en eau pendant la phase initiale de croissance. Ce contraste dans le niveau de developpement foliaire imposera aux œnologues et aux chefs de culture la mise en place de pratiques plus ciblées afin de tirer le meilleur profit du morcellement du vignoble.
Affaire à suivre…
Thibaut et Sébastien